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Questions sur la nutrition en France

L’obésité constitue un véritable problème de santé publique. Même si la prévalence du surpoids et de l’obésité reste importante en France, les données sont stables sur la décennie 2006-2015. Une question de nutrition ?

En juin 2017, Santé Publique France a publié un Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) qui s’appuie sur deux études nationales (ENNS, 2006 et Esteban, 2015).
À propos de l’évolution de la corpulence des enfants et adultes de 6 à 74 ans, les auteurs rapportent des données stables sur le surpoids et l’obésité. Cependant, les taux demeurent élevés.

L’étude montre également une adaptation insuffisante des recommandations alimentaires chez les adultes et les enfants en France métropolitaine, tant en 2006 qu’en 2015.

Chez les adultes, en effet, la prévalence du surpoids (obésité incluse) était de 54% chez les hommes et de 44% chez les femmes. Le taux d’obésité a atteint 17%, sans évolution durant cette décennie.

Selon l’étude Esteban, « la prévalence de l’obésité était deux fois plus élevée chez les 55-74 ans que chez les 18-39 ans ».
En outre, « chez les enfants, cette prévalence était de 16% chez les garçons et 18% chez les filles en 2015, sans évolution depuis 2006 ».

Les acides gras saturés et le sel ne baissent pas

Le volet nutritionnel de la même étude a permis de collecter des données sur l’évolution nutritionnelle en France. D’une manière générale, on n’observe pas une évolution significative des consommations alimentaires, entre 2006 et 2015, chez les enfants et les adultes.

On note toujours, en effet, la présence d’une part d’acides gras saturés trop élevée dans l’alimentation. Seulement 17% des adultes et 16% des enfants avaient des apports en acides gras saturés inférieurs, respectivement à 36 et 37% des apports en lipides.

De plus, l’étude souligne une faible consommation de poissons et de produits provenant de la pêche. Un quart des sondés en consommait deux fois par semaine, avec une baisse significative depuis dix ans de cette proportion chez les enfants.

Par ailleurs, l’étude Esteban relève une faible consommation de fibres. 13% des adultes et 2% des enfants en consommaient moins de 25 g par jour. Cette situation est liée, selon l’étude, à la consommation insuffisante de fruits et légumes, de produits céréaliers complets et de légumes secs.

Autre donnée importante mentionnée dans le rapport de l’étude, la consommation de sel s’est amplifiée. Durant la décennie 2006-2015, 22% des adultes et 40% des enfants en consommaient moins de 6 g par jour.

Les boissons sucrées, toujours au plus haut

Quant à la consommation des boissons sucrées, elle était toujours élevée chez les enfants. Plus d’un tiers en consommait plus d’un demi-verre par jour. L’étude relève enfin une augmentation de la maigreur chez les jeunes, surtout chez les filles.

Dans la tranche des 11-14 ans, le taux est passé de 4,3% en 2006 à 19,6% en 2015. Il faudra, selon les rédacteurs du BEH, compléter ces résultats « par l’analyse de l’évolution des indicateurs de consommations alimentaires, d’activité physique, de sédentarité et autres marqueurs de l’état nutritionnel ».

Les recommandations générales à propos des sucres

De façon générale, le PNNS adresse la plupart de ses recommandations aux professionnels, afin de leur donner des repères dans l’accompagnement des patients. Tout comme l’OMS le fait à l’attention des pays.

Les premières directives de l’OMS (1989) recommandent d’établir l’apport en sucres libres à moins de 10% de la ration énergétique totale chez l’adulte et l’enfant. Cette recommandation fait suite aux résultats d’une étude de 1982 sur la prévention de la carie dentaire, élargie à la prévention du surpoids et de l’obésité.

L’actualisation de ces directives (2015) indique qu’il serait meilleur, pour la santé, de réduire cet apport. Ainsi, il est ramené à moins de 5% de la ration énergétique totale, environ 25 grammes ou six cuillères à café par jour. Les résultats de l’étude présentés plus haut indiquent clairement que cette proportion n’est pas respectée, loin s’en faut.

La nutrition, oui, mais pas seule coupable

L’OMS travaille depuis de nombreuses années sur les déterminants sociaux de la santé. Elle définit les déterminants sociaux comme « des circonstances dans lesquelles les individus naissent, grandissent, vivent, travaillent et vieillissent, ainsi que les systèmes mis en place pour faire face à la maladie ».

Les circonstances dont parle l’OMS, ce sont des choix politiques qui dépendent eux-mêmes de la répartition de l’argent, du pouvoir et des ressources, tant au niveau mondial, national que local.

De nombreux organismes, à travers le monde, établissent des listes de ce qu’il faut entendre par « déterminants sociaux« , de façon plus concrète. Reviennent souvent sur cette liste, le niveau de revenu et le statut social, l’emploi et les conditions de travail, le développement de la petite enfance, l’éducation et l’alphabétisation, l’environnement social et physique, le patrimoine biologique et génétique pour ne citer que ceux-là.

Malheureusement, beaucoup d’inégalités subsistent aujourd’hui encore dans le monde, les pays et les collectivités concernant plusieurs de ces déterminants. L’OMS indique que la moitié des inégalités dans la distribution des principales maladies non transmissibles, surtout les maladies cardiovasculaires et le cancer du poumon, sont liées aux inégalités sociales.

De toute évidence, le surpoids sera au coeur des questions de santé à traiter après le malheureux épisode du coronavirus. Cette pandémie mondiale va, en effet, davantage creuser les inégalités. La crise économique post-Covid-19 annoncée par les experts, les divers problèmes de santé dont les troubles psychologiques – sur lesquels des professionnels alertent déjà – sont à prendre au sérieux. Penser un avenir meilleur, plus équitable pour tous face au risque, c’est l’un des paris après cette affreuse pandémie.