La Vieille Charité, un trésor de Marseille

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    La vieille Charité est assurément un monument rare dont l’histoire s’étale sur plusieurs siècles. Cet édifice unique en son genre est situé rue de la Charité, au cœur du quartier du Panier dans le 2ème arrondissement de Marseille.
    Son histoire commence au début du 17ème siècle quand les autorités de l’époque ont décidé de construire un endroit pour enfermer les pauvres de la ville suite à un édit royal. De fait la Charité est une ancienne institution française dont la fonction était aussi bien d’abriter les pauvres que de les contrôler. C’était donc une institution hybride assurant assistance et répression à la fois. Mais après avoir été répulsive par ses fonctions initiales, la Vieille Charité est devenue au 20ème siècle une des vitrines de la ville de Marseille. Nous survolons ci-après quelques éléments notables de cette évolution séculaire.

    L’ architecture de la Vieille Charité

    La Charité construite entre 1671 et 1741, est l’oeuvre du célèbre architecte Pierre Puget. Ce talentueux créateur natif du même quartier, mourut avant l’achèvement du gros oeuvre.
    En 1741, les frères Gérard qui travaillèrent sur les entrées de l’hospice lui donnèrent une façade à péristyle ionique. En 1861-1863, Blanchet, architecte des hospices de Marseille ajouta  un porche à colonnes corinthiennes. La chapelle de style baroque qui trône au centre de l’édifice,  a été érigée en grande partie entre 1679 et 1707. Sa célèbre coupole de forme ovoïde  atypique, représente sa principale singularité.
    L’édifice s’élève sur 3 niveaux de galeries et d’arcades avec des espaces de vie et de travail. Ses  bâtiments sont construits en pierre rose et blanche de la Couronne près de Martigues. Ils sont typiques d’une architecture de l’ancien régime. Ils forment 4 ailes fermées sur l’extérieur et s’ouvrent sur une cour.

    L’histoire de la vieille Charité

    La Charité a accueilli les premiers indigents en juin 1641. En plus d’être un refuge pour les sans-abris, la Vieille Charité accueillait aussi des familles avec enfants. 
    Le destin de ces derniers était tout tracé, plus grands ils deviennent servantes ou apprentis. 
    Elle devient la Vieille Charité en 1885-1890 lorsqu’un nouvel hospice a vu le jour à Sainte Marguerite. En 1907, l’administration des hospices l’a vendue à la municipalité.
    Elle est alors utilisée par l’armée. Elle servira à reloger des familles comme c’est le cas en 1922 pour accueillir les plus démunis du quartier  » derrière la bourse ». En 1943 elle sert à héberger les victimes du dynamitage des quartiers du vieux port par les allemands.
    Bien que classé monument historique en 1951, l’édifice de la Vieille Charité est laissé à l’abandon.
    Il est toujours perçu comme un taudis au coeur de Marseille.

     

    Le monument miraculé

    Ce Joyau architectural marseillais longtemps méconnu, devient un monument emblématique de la ville dans la deuxième partie du siècle dernier. De fait, Il n’échappe à la ruine  que grâce à quelques intellectuels et associations culturelles. Ces derniers prennent de nombreuses initiatives pour attirer l’attention des autorités  sur ce monument .Ce fut en particulier le cas, de quelques notables  qui créèrent une association des amis de la Vieille Charité en 1968, sous la présidence de l’industriel André Cordesse.
    Ce  notable, avait annoncé que l’édifice n’avait pas son pareil en France ni même en Europe. Il joua par la suite un rôle décisif dans son sauvetage . L’état français n’a pas été en reste, il débloque des fonds pour la restauration.
    La Vieille Charité étant dans un état de délabrement avancé, la rénovation de l’ensemble de l’édifice ne s’achève qu’en 1986.

     

    Réhabilitation et nouvelles fonctions

    Des sommes considérables ont été investies dans la réhabilitation de la Vieille Charité. Mais pour les justifier, une nouvelle affectation des locaux est nécessaire.
    Entre temps, la Vieille Charité est devenue un pôle culturel incontournable de la ville de Marseille.
    Elle abrite le musée d’archéologie méditerranéenne ainsi que le musée d’arts africains, océaniens et amérindiens.
    On y trouve également des centres de recherches comme le centre Norbert Elias ou l’Ecole des Hautes Etudes des Sciences Sociales.
    Une salle de cinéma « le Miroir » et le Centre international de poésie Marseille complètent ce pôle à vocation culturelle.
    De nombreuses manifestations, comme des expositions, des lectures publiques, des rencontres autour de poètes, d’écrivains français et étrangers y sont organisés régulièrement.

    Naïma Chenah

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