COVID-19, superstar…écolo !

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L’incidence radicale de la quarantaine sur la pollution de l’air en Chine a de quoi faire réfléchir.
Un enseignement pour la transition écologique ?

Imaginez que les journées sans voiture,ni pollution si prisées par les joggers de certaines grandes villes françaises, devaient se dérouler sur des semaines… Imaginez encore qu’elles s’étendent à tout type de transport. Imaginez qu’à l’unisson, les usines, les centrales et autres voraces énergivores fassent aussi taire turbines et cheminées…Seul le pépiement distrait des oiseaux sur les arbres se fraie un chemin dans le vent…

Vous en avez rêvé ? Covid-19 l’a fait pour vous. Les images-satellite prises par la NASA au-dessus de la ville de Wuhan,  mise en quarantaine par les autorités chinoises, ont fait sensation. Elles ont suscité des dizaines de milliers d’articles et de posts un peu partout dans le monde. Voir en particulier l’article très complet publié par Sciences et Avenir.

Le « miracle » de Wuhan

C’est par un tweet incluant un comparatif édifiant de la pollution au-dessus de Wuhan avant et après la quarantaine intégrale de la ville que la NASA a communiqué sur les premières incidences…environnementales de l’épidémie de coronavirus.

 

 

Pour qui a déjà visité la Chine, le souvenir de la pollution atmosphérique asphyxiante et malodorante est fort difficile à effacer. De même, l’image des dizaines de tours en construction et de milliers de chinois équipés de masques arpentant les rues populeuses, est devenue emblématique de ce pays. De nombreuses études scientifiques ont caractérisé de façon extrêmement précise la pollution made in China. Elles mettent notamment  en exergue le rôle prépondérant du parc automobile et des centrales thermiques, qui utilisent les énergies fossiles. L’impact potentiel sur la santé de la population était devenu tellement désastreux que le gouvernement chinois a dû s’en préoccuper sérieusement. A cet effet, il a mis  en place une stratégie de dépollution graduelle qui a bien réussi. Comme le démontre un rapport sur les villes les plus polluées du monde de l’ONG Greenpeace , «Les concentrations moyennes dans les villes chinoises ont reculé de 12 % entre 2017 et 2018. Pékin est désormais la 122ème ville la plus polluée dans le monde »

L’incidence radicale de la quarantaine sur la pollution de l’air en Chine a de quoi faire réfléchir.

Les images de la NASA sont autrement plus tonitruantes. Elles montrent comment la quarantaine provoquée par le Covid-19 a eu raison des concentrations énormes de dioxyde d’azote. Ce  gaz nocif est émis par les véhicules à moteurs et les installations industrielles. On a comparé la période avant la quarantaine, du 1er au 20 Janvier 2020 avec celle du 10 au 25 février, pendant la quarantaine. Les données ont été recueillies par le Troposphéric Monitoring Instrument (TROPOMI ) sur le satellite Sentinel-5 de l’ESA et confirmées par l’Ozone Monitoring Instrument (OMI ) du satellite Aura de la NASA. Ces cartes montrent clairement une baisse significative de la pollution en Chine liée en grande partie à la baisse de l’activité économique. La diminution de l’oxyde d’azote a d’abord été observée autour de Wuhan, et elle s’est étendue après au reste de la Chine.

Un enseignement pour la transition écologique ?

Bien sûr, il ne s’agit pas ici de faire abstraction de l’impact de court terme terrible de l’épidémie actuelle de coronavirus. Encore moins de son coût exorbitant en vies humaines. Il n’empêche que l’incidence radicale de la quarantaine sur la pollution de l’air en Chine a de quoi faire réfléchir. Il est maintenant établi qu’un arrêt suffisamment prolongé, mais pas très long non plus, des activités les plus polluantes peut faire reculer de façon spectaculaire la pollution de l’air. D’ailleurs, il est admis que les seuils catastrophiques de pollution atmosphériques ne sont plus très loin dans de nombreuses régions du monde, et singulièrement en Asie (Inde, Bangladesh et Chine notamment). C’est pourquoi cette solution radicale peut être  promue et envisagée, en lieu et place des stratégies graduelles privilégiées en Chine pour le moment.

Plutôt que d’attendre les heureuses échéances des énergies renouvelables, il faut adapter les comportements de consommation et de production. Ce qui pourrait aller aux solutions radicales de dépollution mentionnées plus haut, dans les cas les plus désespérés…et hors épidémies ! Car, les énergies dites renouvelables ne pourraient être véritablement une alternative avant quelques décennies. 

Naima Chenah

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