Le dégel du permafrost est susceptible de ressusciter les bactéries et les virus piégés depuis des milliers d’années.
Après le virus SARS 2 responsable de la COVID 19, devrions-nous, nous préparer à affronter la maladie du mammouth ? 

Qu’est ce que le permofrost?

Le permafrost ou le pergélisol en français est le sol gelé d’une grande partie du nord de notre planète terre. Cette appellation est donnée aux sols qui restent gelés pendant au moins deux années consécutives. La distribution  géographique précise du permaforst est donnée dans la carte ci-dessous. On estime qu’un quart  des terres du Nord de la planète est concerné. En Alaska, près de 80% du sous-sol entre dans la catégorie permafrost. Ces sols gelés constituent une véritable réserve de subsances toxiques. On peut citer le méthane, le gaz carbonique, le mercure ainsi que les virus et les bactéries.

 

Crédit: Carte par Philippe Rekacewicz, UNEP/GRID-Arendal

 

Dérèglement climatique et permafrost

Le réchauffement climatique que nous connaissons depuis quelques années, accélère la fonte de ces sols gelés qui se sont formés depuis l’époque glaciaire.
Les quantités importantes de gaz à effet de serre ainsi libérées contribuent au dérèglement climatique et la hausse de la température mondiale. C’est le cycle infernal.

La fonte du permafrost nous réserve bien d’autres surprises. Les carcasses d’animaux enfouis depuis des milliers d’années refont surface et ouvrent la boite de Pandore. Des virus et des bactéries qu’on aimerait garder sous scellé pour l’éternité pourraient revenir à la vie. De nouvelles maladies dont on ne connait pas les traitements ni les vaccins, pourraient émerger. D’autres, qu’on croyait à jamais disparues, pourraient réémerger. Ce n’est pas de la science-fiction. Ainsi en 1997 en Alaska, des chercheurs ont pu identifier des tissus, à partir de corps extraits du permafrost, contenant des restes d’ARN du virus de la grippe espagnole de 1918. Voir l’excellent document à : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK562756/ !

L’exemple ci-dessous est sans doute plus parlant encore.

Le cas de la Sibérie en 2016

En Sibérie dans la région du Yamal, le dégel du permafrost a provoqué une crise sanitaire en 2016. Un enfant est décédé, des dizaines d’autres hospitalisés et plus de 2000 rennes ont péri.

Une carcasse de renne vieille de 75 ans décongelée était à l’origine de ce drame. Des chaleurs inhabituelles ont touché la région et la hausse des températures a enregistré 5,6 °C au dessus des normales saisonnières.

Cet animal infecté depuis des décennies a libéré la bactérie mortelle, responsable de la maladie du charbon, plus connue sous le nom de l’anthrax. En effet, en 1941 la Sibérie a connu une crise de l’anthrax qui a fait des morts dans les populations de rennes.

Conséquences écologiques et sanitaires

Les conséqueces de la fonte de ces couches gelées du sol, ne sont pas qu’écologiques. Elles menacent notre écosystème et l’humanité toute entière. Le permafrost est donc en passe de devenir un véritable enjeu de santé publique. Et c’est un enjeu planétaire comme l’est en ce moment la pandémie du coronavirus. Même si les autorités sanitaires internationales et nationales ne s’en sont pas encore pleinement saisi, car il y a d’autres urgences, le dégel du permafrost est déjà un enjeu scientifique. Des conférences sont régulièrement organisées sur ce thème depuis quelques années déjà.

Ainsi dans une conférence organisée par les National Institutes for Health américains en novembre 2019, de nombreux experts se sont interrogés sur les mesures à prendre pour appréhender les risques liés au dégel du permafrost. Ils ont souligné un problème de taille : l’énorme étendue de la surface à surveiller!  Ce qui doit requérir à terme une initiative internationale coordonnée. En particulier, en ces temps éprouvants où le monde souffre d’une pandémie d’origine zoonotique, aucun risque épidémique, aussi mineur soit-il à l’heure actuelle, ne doit être négligé.

Naima Chenah