Le wax, un tissu à l’identité plurielle

Vous avez peut-être toujours cru que le wax était africain. Très coloré avec des motifs chatoyants à répétition, il s’agit d’une étoffe de coton particulièrement populaire en Afrique noire. Cependant, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas forcément fabriqué en Afrique…
Alors d’où vient-il réellement ?

D’inspiration indonésienne

L’histoire du wax commence au XIXe siècle. Les Hollandais, qui possèdent alors plusieurs colonies en Asie du Sud-Est, souhaitent s’imposer dans le marché du textile en Indonésie. Ils décident de reproduire et vendre à moindre coût leur version du célèbre tissu batik javanais. L’opération sera finalement un échec; les indonésiens boycotteront les reproductions néerlandaises jugées défectueuses.

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Importé par les Hollandais

Inspirés par le batik javanais et sa technique d’impression à la cire (“wax” en anglais), les Hollandais se lancent dans l’importation. Ils diffusent leur propre version du batik en Afrique de l’Ouest où ils disposent de nombreux comptoirs commerciaux. Le “batik hollandais” s’adapte à l’esthétique africaine en arborant des imprimés d’inspiration ethnique. C’est la naissance du wax ! Le tissu fait très rapidement fureur en Afrique subsaharienne. Il séduit les élites qui se ruent chez les couturiers pour se faire confectionner de nombreux modèles dont les pagnes.

 

Porteur de messages

Dans les années 1950, les “Nanas Benz” popularisent le wax. Ces revendeuses togolaises, véritables femmes d’affaires, joueront sur les métaphores en inventant des noms et expressions pour désigner toute une série d’imprimés. Parmi les motifs les plus populaires on retrouve celui des hirondelles “L’argent s’envole” ou encore les imprimés cheval cabré “Je cours plus vite que ma rivale”.

 

« Made in Africa » vs « Made in China »

Il faudra attendre les années 1960 pour porter du wax 100% made in Africa. A l’aube des indépendances, de nombreuses usines textiles sont rachetées. Plusieurs pays se mettent à produire eux-mêmes du wax, entamant ainsi le monopole européen. C’est le cas au Ghana, au Bénin, au Niger, au Sénégal, au Togo ou en Côte d’Ivoire. Malgré un succès flagrant, le wax perd en popularité dans les années 1980. Il coûte relativement cher et sa production est concurrencée par une nouvelle fabrication asiatique. Depuis les années 1990-2000, on trouve également du wax de moindre qualité fabriqué en Chine.

Quel avenir pour le wax ?

Aujourd’hui, il n’est plus étonnant de retrouver le wax sur des accessoires, du  ou en décoration d’intérieur. Plus récemment, le tissu s’est fait une place sur les défilés de mode haute couture occidentaux. En effet, plusieurs créateurs font le choix d’en parer leurs collections. C’est le cas de la maison Dior, qui a collaboré avec la société africaine Uniwax pour sa collection Croisière en 2020. Véritable symbole transculturel, le wax plaît au-delà des frontières africaines.

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Céleste Ntontolo